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Description
EXEMPLAIRE ANNOTE DE LA MAIN DE MME DE GENLIS
FENELON (François de Salignac de La Mothe-Fénelon dit). Les Aventures de Télémaque, fils d’Ulysse. Paris, Bossange, 1804. In-12, veau marbré à dos lisse orné, xxiv, 403 p. ill. de 12 pl.
Exemplaire qui servit à Stéphanie Félicité du Crest, comtesse de Genlis (1746-1830) comme support à sa critique du Télémaque.
Alors que Mme de Genlis avait rendu hommage dans son Adèle et Théodore au Télémaque de Fénelon, elle en fit par la suite une critique sévère dans ses écrits et en particulier dans son Observations critiques pour servir à l'histoire de la littérature du XIXe siècle (1811). Ses jugements sur ce qui était encore considéré à l’époque comme l’archétype de l’ouvrage pédagogique valut en retour à Mme de Genlis une véritable cabale dont le Mercure de France se fit l’écho complaisant. Auguste Hus imagine même dans son pamphlet (L’Ombre de Fénelon à Madame de Genlis, 1811) que le fantôme de Fénelon revient se venger de l'effort de Genlis pour renverser sa statue en la privant de lecteurs. Pourtant, dans ses publications comme dans les présentes notes manuscrites, Mme de Genlis loue autant le Télémaque qu’elle le critique par endroits. Il n’est pas impensable que la réaction violente qu’elle suscita fut en partie sexiste.
La première note manuscrite, datée du 18 juin 1810, se situe sitôt après l’introduction : « Si Télémaque paraissait aujourd’hui, on le trouverait un ouvrage médiocre (…) Il y a beaucoup de négligence de style dans ce bel ouvrage dont le style est si beau dans les passages intéressants ». En face, au revers de la planche, est copié un extrait d’une lettre de Bossuet sur l’éloquence de Fénelon.
En suivant, de nombreux passages du texte sont soulignés et copieusement annotés en marge, livrant l’ensemble du détail critique et stylistique que Mme de Genlis n’a jamais eu matériellement l’occasion de développer par ses publications.
A la fin du texte de Fénelon, la signature autographe de la Comtesse est datée du 29 juin 1810 et située à l’Arsenal, appartement que lui avait offert Bonaparte. Elle ajoute une opinion d’ensemble : « Beaucoup de défauts, surtout celui de n’offrir aucun caractère et par conséquent peu d’intérêt, un style souvent trop négligé mais en même temps beaucoup de morceaux écrits d’une manière enchanteresse, des beautés dans nombre d’excellents conseils pour les princes, un fond admirable de sagesse, de vertu et d’humanité… »
A la fin des aventures d’Aristonous, nouvelle signature autographe à l’Arsenal le 30 juin 1810 et nouvelle appréciation : « Ces aventures dénuées d’imagination et d’intérêt sont très insipides quoique le dénouement en soit agréable… »
Frontispice gravé par Jean-Baptiste-Pierre Tardieu (1746-1816) avant la lettre et 11 planches gravées hors-texte du même.
Reliure frottée, des manques de cuir aux coins, autres défauts mineurs.